Il y a des phrases qui nous habitent, qui résonnent longtemps sans trouver de réponse nette. Celle-ci m’accompagne depuis plusieurs années : faut-il risquer de tout perdre pour espérer tout gagner ?
Elle n’est pas théorique. Elle n’est pas philosophique. Elle est viscérale. Elle est née de mes choix. De mes nuits blanches. De mes bouleversements. De mon parcours.
Je suis infirmière de formation. Un métier solide. Une vocation même. J’y ai trouvé un sens, une sécurité, un salaire, une reconnaissance. Mais un jour, malgré tout cela, il me manquait quelque chose.
La faim d’autre chose
Je ne parle pas de confort ou de fierté. Je parle de ce vide discret qui vient s’installer quand on a coché toutes les cases, mais que l’on sent, au fond de soi, qu’on est à côté de son propre feu. Il me manquait la créativité. Le mouvement. L’audace. Le frisson de la nouveauté. Ce besoin presque vital de me réinventer, de créer, d’apprendre autrement.
Alors j’ai sauté.
Une fois. Deux fois. Trois fois. À chaque fois, un peu plus fort. Un peu plus haut. En laissant derrière moi un peu plus de sécurité, un peu plus de confort.
Je me suis lancée dans l’entrepreneuriat. Et avec lui, dans l’inconnu. Le vrai. Celui où l’on met sur la table son énergie, son argent, son corps parfois, son cœur toujours.
Est-ce que ça vaut le coup ?
Mais pourquoi ? Pourquoi ce besoin d’autre chose ? Pourquoi vouloir mieux, plus, ou simplement autre chose que ce que l’on a ? Pourquoi ne pas se satisfaire d’une vie paisible, d’un emploi stable, d’un quotidien balisé ?
Je me le demande encore. Chaque fois que je suis au bord du doute. Chaque fois que les comptes ne suivent pas. Chaque fois que l’énergie vient à manquer. Est-ce un mirage, cette idée de s’accomplir en se dépassant ? Est-ce un piège moderne, celui de confondre réussite avec agitation ? Est-ce une fuite en avant ? Ou bien… est-ce le chemin des bâtisseurs, des éveillés, des rêveurs lucides qui veulent contribuer au monde autrement ?
Je n’ai pas la réponse. Et peut-être qu’il n’y en a pas une seule.
« En perdant beaucoup, j’ai gagné l’essentiel. Et ça, c’est déjà tout. » – Fabienne Briet
Mais ce que je sais…
C’est que j’ai perdu beaucoup. L’argent, parfois. La santé, un peu. Du confort, souvent. Mais j’ai gagné l’essentiel.
J’ai appris ce qui reste quand tout s’effondre. J’ai appris la valeur de ceux qui restent. De ceux qui soutiennent. De ceux qui aiment même quand il n’y a plus rien à montrer. J’ai gagné la conscience de ce qui compte : la famille, l’humain, le lien, la foi, la vérité.
Alors oui, j’ai risqué de tout perdre. Mais j’ai gagné ce qui n’a pas de prix.
Et peut-être qu’au fond, c’est ça, tout gagner.
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